Hommage rendu à Auguste MORNET

le 11 Novembre 2015


 

 

Auguste, Gustave, Pierre MORNET

Soldat au 109e Régiment d'Infanterie

Mort pour la France

le 28 septembre 1915

à Givenchy-en-Gohelle

(Pas-de-Calais)


Auguste, Gustave, Pierre MORNET est né à Saint Vincent sur Jard le 10 novembre 1895. Il est le fils de Gustave et de Marie Cossais, tous deux cultivateurs et domiciliés au Bourg de saint Vincent. 

Veuve depuis bientôt 3 ans, Marie MORNET a certainement eu le cœur bien serré ce 15 décembre 1914 lorsqu’elle a vu partir son fils aîné Auguste à Nantes pour être incorporé au 65ème Régiment d’infanterie. Auguste avait alors tout juste 19 ans, et elle restait alors seule à la ferme avec 5 enfants à élever : Gustave (15 ans), Maria (13 ans), Siméon et Célestin (10ans) et Maurice (3 ans). 

Pendant 6 mois, Auguste MORNET ne sera pas envoyé au front. Il fait ses classes, reste à l’arrière, s’entraine au maniement des armes, au tir et reçoit la formation au combat dispensée à tous les fantassins de l’infanterie. Pendant cette période, pour des raisons purement administratives et de gestion des effectifs, il est successivement affecté au 91e Régiment d’infanterie le 1er février 1915 puis au 17e R.I. le 1er juin 1915. 

Le 22 juin 1915 sera pour lui une date particulièrement importante : celle de son affectation au 109e Régiment d’Infanterie. C’est au sein de cette unité qu’il vivra son baptême du feu… c’est dans cette unité qu’il perdra la vie alors qu’il n’avait pas encore 20 ans.

Auguste MORNET arrive au 109e Régiment d’Infanterie dans des conditions bien particulières. Ce régiment, initialement constitué de recrues originaires de la Haute-Marne, a été décimé en mai-juin 1915 dans les opérations militaires de la 2ème bataille de l’Artois…Sur la seule période du 15 au 19 juin, on y dénombre 515 blessés, tués ou disparus !

Le 20 juin, le 109e est retiré du front et est dirigé sur l’arrière dans les cantonnements de Fiefs où il doit se reposer et reconstituer ses effectifs. C’est là, que le 22 juin 1915, il recevra un renfort de 720 hommes en provenance du dépôt de la 13ème Division d’Infanterie : Auguste MORNET en fait partie.

Dans la nuit du 29 au 30 juin, le 109e remonte en 1ère ligne dans le secteur de Lorette. Les fusillades et les bombardements sont incessants. Les bataillons travaillent de nuit, approfondissent et consolident les tranchées et les boyaux, posent des défenses accessoires et « assainissent » le champ de bataille. Ces séjours en 1ère ligne seront entrecoupés de courtes périodes de repos à l’arrière.

Pour Auguste Gustave Pierre MORNET son destin bascule le 20 septembre 1915 : le Grand Quartier Général a décidé de déclencher le 25 deux offensives simultanées de grande envergure, l’une en Champagne, l’autre en Artois pour percer le front allemand et forcer la victoire finale.

Après 5 jours de préparation d’artillerie, le 25 septembre en début d’après-midi, le 109e passe le bourg de Souchez et enlève le parc du château de Carieul. Les 26 et 27 septembre, dans la pluie, la boue et le brouillard, il traverse sur des passerelles improvisées les inondations couvrant les ruines nord de Souchez, il progresse le long du chemin creux qui monte vers la crête de Givenchy et met la main sur deux boqueteaux à mi pente. Là, il se trouve bloqué dans sa progression, pris sous le feu des unités allemandes qui tiennent avec acharnement les installations défensives qu’elles ont réalisées tout au long de la crête de Givenchy. Les troupes du Prince Rupprecht de Bavière ont l’avantage d’être sur un point haut et les soldats français doivent avancer à découvert.

Après quelques heures de statuquo, l’offensive reprend le 28 septembre à 14h30 : le 109e R.I. se jette dans » l’ouvrage de la Déroute » et prend le contrôle de la partie nord de la « tranchée de Halle » qui comprend une succession d’infrastructures que l’ennemi défend avec acharnement. C’est très vraisemblablement, à cet instant et dans ce secteur précis, qu’Auguste Gustave Pierre MORNET a été tué au combat, ainsi qu’un grand nombre de ses camarades.

Pour la seule période du 25 au 30 septembre 1915, les pertes de l’armée française s’élèvent à environ 978 officiers et 35 758 hommes de troupe mais l’objectif fixé n’est pas atteint et 37 mois de guerre vont suivre.

Aujourd’hui les descendants de Gustave et Marie MORNET ici présents n’ont pas de souvenirs « matériels » de cet oncle « Mort pour la France » : pas de photo, pas de médaille, pas de livret militaire… mais ils ont une mémoire familiale que nous voulons enrichir à l’occasion du centième anniversaire de sa mort.

Auguste, Gustave, Pierre MORNET a été déclaré « Mort pour la France » le 28 septembre 1915 à Givenchy (Pas-de-Calais) par jugement du Tribunal civil de 1ère instance des Sables d’Olonne, jugement en date du 27 juillet 1921. 

Inscrit au Monument aux morts de Saint Vincent sur Jard, il est également inscrit au Livre d’or de cette commune. De plus, par décret publié au Journal Officiel de la République Française en date du 29 août 1922, il a été cité et s’est vu concéder à titre posthume la Croix de Guerre avec étoile de bronze ainsi que la plus belle des médailles : la Médaille militaire. 

Il n’y a pas de sépulture nominative pour Auguste MORNET. Peut-être repose-t-il anonymement dans l’un des ossuaires de la Nécropole Nationale de Notre Dame de Lorette… peut-être repose-t-il, avec quelques-uns de ses frères d’arme, quelque part au pied d’un arbre de cette magnifique forêt qui s’étend maintenant au pied de la crête de Givenchy. ..

 

A défaut d’une croix ou d’une tombe, il est un monument propice au souvenir et au recueillement : l’Anneau de la Mémoire, inauguré en 2014 et réalisé à proximité de la Nécropole Nationale de Notre Dame de Lorette.

 

Sur 499 panneaux en acier de 3 mètres de haut sont inscrits les noms et prénoms de 579 606 tués, 579 606 soldats tués sur les 90km du front Nord/Pas de Calais entre août 1914 et novembre 1918. Parmi les 789 noms gravés sur la plaque M38, on lit : « MORNET Auguste Gustave Pierre »….

…. Mort pour la France, sur les hauteurs de Givenchy en Gohelle, le 28 septembre 1915….

…..Il n’avait pas encore 20 ans.

 

 Saint Vincent-sur- Jard, le 11 novembre 2015

 

Jean-Pierre LETANG




Photos de la cérémonie d'hommage

le 11 novembre 2015