Alphonse ROBERT est né le 21 juillet 1934 à Varades (44). Le témoignage de ses camarades de classe révèle, qu’adolescent, Alphonse était un garçon sportif, organisé, adepte des manifestations festives et associatives, et faisant preuve d’un sens de l’initiative développé. Le meilleur exemple en est la constitution, sur plusieurs années, d’un bureau des élèves dans son collège afin d’organiser, entre autres, des repas de classe et des sorties.
Attiré par le métier des Armes et reconnu bon pour le service, Alphonse ROBERT signe, à l’âge de 20 ans, un contrat d’engagement avec l’Armée de terre.
Il rejoint alors le 6ème Régiment du Génie stationné à Angers (49) et c’est avec cette unité qu’il aura son premier contact avec le sol algérien en mars 1956.
Très rapidement, il acquiert une conviction qui sera sienne pendant toute sa vie : le maintien de l’ordre est indispensable aux négociations qui permettront de mettre fin à un conflit.
D’une logique implacable et déterminé dans ses actions, il demande à changer d’arme pour rejoindre la Gendarmerie. Sa demande est reçue favorablement, et à l’issue d’un stage de formation à Oran, il intègre la Gendarmerie mobile au sein de laquelle il fera toute sa carrière.
Alphonse ROBERT ne rentrera en France qu’en mars 1963, soit un an après la conclusion des accords d’Evian qui ont mis un terme au conflit franco-algérien.
Entre janvier 1959 et mars 1962, il a participé à plusieurs actions de commandos de défense de la Gendarmerie, commandos parfois dénommés « commandos noirs », en raison de la couleur de leur béret. Ces unités (une demi-douzaine d’hommes) étaient chargées de s’infiltrer en territoire hostile pour aller au contact des populations persécutées par les forces ennemies, les aider, les protéger et collecter des renseignements sur les forces adverses.
Alphonse ROBERT était l’un deux. Pour partir avec ces commandos, il a signé, comme ses camarades, un engagement qui révèle sa force morale et sa fidélité à la devise de la Gendarmerie : « La Gendarmerie : une force humaine » .Pour partir avec ces commandos, il a dû signer un engagement dans les termes suivants: « J’accepte de servir dans une équipe de commandos nomades, dont la mission est de rétablir un climat de confiance dans la population algérienne et de créer les conditions d’insécurité pour les fellagha. Je sais que ces équipes légères auront à subsister et à se défendre par elles-mêmes, pendant plusieurs jours et plusieurs nuits, en parcourant des terrains difficiles. Je mesure ce risque et je l’accepte. Je m’engage en outre, sur l’honneur , à respecter les règles des commandos nomades : tout musulman sera considéré par moi comme un ami et non comme un suspect, sauf preuve du contraire. Je mesure aussi le risque supplémentaire que cette règle, indispensable à la réussite de notre mission, me fait courir et je l’accepte pleinement. »
Revenu en métropole en mars 1963, Alphonse ROBERT est affecté à l’Escadron stationné à Luçon (85). Il est muté ensuite à L’Escadron de Mamers (72) le 1er juin 1968 et nommé Adjudant, en janvier 1974, il rejoindra l’Escadron de Gendarmerie mobile stationné à Cherbourg.
En 1980, nommé Adjudant-chef, Alphonse ROBERT est muté à Mayenne (53).
L’excellence des qualités qu’il a démontrées sur le plan militaire, son expérience acquise en opérations en Algérie et son sens des relations humaines lui valent - en 1988 - d’être choisi pour plusieurs missions en Nouvelle-Calédonie, au moment des affaires de la grotte d’OUVEA.
C’est en 1989 qu’il prendra une retraite bien méritée et se retirera alors dans son pays natal à Varades (44).
Au début de cet hommage, nous avons souligné l’appétence d’Alphonse pour le sport Son engagement dans les opérations en Algérie montre ses prédispositions pour rendre service aux autres en toute circonstances.
Il n’est pas surprenant de le voir entreprendre, après son retour en métropole, une formation qui lui permettra d’obtenir son diplôme de maître-nageur-sauveteur. Ainsi, à partir de 1967, il sera détaché de son Escadron de garde mobile, pendant des périodes de 1 à 2 mois par an, pour occuper un poste de maître-nageur- sauveteur dans les stations balnéaires du littoral.
L’appel de la mer étant le plus fort, il quitte Varades pour s’installer avec son épouse à Jard-sur-Mer où il s’est fait construire une maison.
Au total, Alphonse fera 47 saisons de surveillance de plage, dont 12 à Jard-sur-Mer. Insatiable il passe ses permis bateaux pour piloter les vedettes de sauvetage. Il prend la Présidence de la Société Nationale de Sauvetage en mer en 2000, poste qu’il quittera en 2017, à l’âge de 83 ans.
Il y a quelque mois, on le voyait encore, partir de chez lui, à vélo pour aller « inspecter », si l’on peut dire, le poste de secours de la plage de « La Mine », pour revenir à son domicile en passant par celui de la plage du Port et celui de Boisvinet… pour s’assurer que tout allait bien, que la mission était accomplie.
Pour la qualité des services qu’il a rendu à la France, Alphonse ROBERT :
A été promu « Chevalier de la Légion « d’honneur »,
S’est vu concéder la « Médaille Militaire »,
A été promu « Chevalier de l’Ordre national du Mérite »,
S’est vu décerner la « Croix de la Valeur militaire » avec 3 étoiles de bronze pour 3 citations,
S’est vu octroyer la « Croix du combattant »,
A obtenu la médaille de la « Reconnaissance de la Nation » avec l’agrafe « AFRIQUE DU NORD »,
S’est vu décerner la « Médaille commémorative des Opérations de Sécurité et de Maintien de l’ordre » avec l’agrafe « ALGERIE »
En outre, il s’est vu octroyer la médaille de la « Société Nationale de Sauvetage en Mer »
Alphonse ROBERT nous a quitté le 3 janvier dernier. Il est et restera une figure du « Pays Jardais ». Nous garderons d’Alphonse le souvenir :
- d’un homme discret, dévoué aux autres et à la collectivité, toujours disponible , parfois rieur et toujours apprécié pour ses traits d’humour,
- d’un homme qui avait un sens des relations humaines peu commun, un respect des autres et des capacités de persuasion qu’il mettait en œuvre grâce à sa « main de fer dans un gant de velours »,
- d’un homme intègre qui, même retraité, est toujours resté fidèle à ses principes et à ses idéaux en respectant ses interlocuteurs et en utilisant son pouvoir de persuasion pour les amener à partager son point de vue.
Madame, tout comme vos enfants, petits-enfants et arrières petits-enfants, vous pouvez être fière de cette vie exemplaire qui a été celle de votre époux dans tous les domaines.
Alphonse a pu vivre son idéal, aller au bout de ses convictions et atteindre les objectifs qu’il s’était fixés. S’il a rempli sa mission, c’est bien parce que vous l’avez toujours soutenu en étant présente à ses côtés, notamment en Algérie de 1958 à 1962 alors qu’il était engagé sur un théâtre de guerre. Nous nous devons ici de vous en rendre hommage.
Au nom de tous ses camarades et frères d’armes, je finirai en disant :
« Au revoir Alphonse. Nous continuerons à parler de toi comme si tu étais dans la pièce d’à côté ».
Jean-Pierre LETANG
Saint Vincent-sur-Jard, le 10 janvier 2023.
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